Interview de Nicolas Rahmé : Sourcing, douane, logistique - DocShipper trace sa route depuis Bangkok

Bonjour Nicolas, pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a amené à cofonder DocShipper ?

Mon parcours a débuté dans le freight forwarding, avec un premier projet entrepreneurial baptisé Siam Shipping. J’étais animé par une vision très "startup" : digitalisation, marketing, expérience utilisateur… Tandis que mon associé de l’époque apportait une solide expertise opérationnelle. Avec le temps, j’ai moi-même acquis cette maîtrise terrain, et lorsque nos trajectoires ont divergé, j’ai décidé de poursuivre seul, en gardant une partie des entités existantes.

C’est à ce moment-là que j’ai fondé DocShipper, avec l’intuition qu’il y avait un vrai vide à combler. Le secteur de la logistique internationale est encore trop souvent opaque, rigide, mal adapté aux besoins des entreprises modernes. Nos clients — PME, startups, retailers — manquaient cruellement d’accompagnement. Mais en creusant, je me suis aussi aperçu que ces mêmes frictions existaient en amont, dès la phase d’achat. Le sourcing est tout aussi complexe, dispersé, incertain.

C’est ainsi qu’est née notre approche 360° : un accompagnement de bout en bout, depuis la recherche de fournisseurs, les audits qualité, les inspections, jusqu’à la gestion du transport, du dédouanement, de la livraison finale, avec un seul interlocuteur et une plateforme pour tout suivre en temps réel.

J’ai lancé cette aventure avec mon frère, et notre double culture franco-libanaise est au cœur de l'ADN DocShipper. On y retrouve d’un côté la rigueur cartésienne nécessaire pour structurer des chaînes logistiques complexes, et de l’autre, l’audace et l’agilité typiquement entrepreneuriales qui nous permettent d’avancer vite, de nous adapter, et souvent de surpasser les standards des acteurs historiques du secteur.

Quels sont les principaux défis que vous avez identifiés dans le sourcing et la logistique en Asie du Sud-Est, et comment l'ouverture du bureau à Bangkok vise-t-elle à les surmonter ?

L’Asie du Sud-Est est un terrain d’opportunités énorme, mais aussi un terrain miné pour ceux qui ne maîtrisent pas les codes locaux. Les principaux défis que nous avons identifiés dans le sourcing et la logistique sont nombreux : barrières culturelles et linguistiques, manque de transparence des fournisseurs, instabilité réglementaire, délais imprévisibles, difficultés de coordination entre les acteurs locaux, et surtout une absence d’interlocuteur unique.

L’ouverture de notre bureau à Bangkok s’inscrit précisément dans cette logique de proximité et de maîtrise terrain. En étant implantés localement, avec une équipe multiculturelle et opérationnelle, nous pouvons agir plus vite, vérifier plus facilement, négocier plus efficacement. Cela nous permet de proposer un service beaucoup plus réactif et fiable, tant pour le sourcing (recherche, vérification, inspection) que pour la logistique (collecte, dédouanement, expédition).

Bangkok est au carrefour de l’Asie du Sud-Est : proche des grands hubs industriels thaïlandais, mais aussi connecté aux pays voisins comme le Vietnam, le Cambodge, la Malaisie… Cette position centrale nous permet d’orchestrer des opérations régionales, tout en gardant une logique "glocale" : locale dans l’exécution, globale dans la stratégie.

La Thaïlande est souvent vue comme un point stratégique pour l'import-export en Asie. Comment le positionnement de votre nouveau bureau à Bangkok renforcera-t-il cette perception ?

La Thaïlande occupe déjà une place stratégique dans les échanges internationaux en Asie du Sud-Est : elle dispose d’une infrastructure logistique solide, de zones industrielles dynamiques, d’un accès facilité aux marchés voisins, et d’accords commerciaux qui la rendent attractive pour l’import-export.

Avec l’ouverture de notre bureau à Bangkok, nous renforçons cette perception en agissant comme pont opérationnel entre les entreprises étrangères et les écosystèmes locaux. Nous ne nous contentons pas d’opérer depuis la Thaïlande : nous y sommes physiquement présents, avec des équipes terrain, des partenaires vérifiés, et une expertise ancrée dans les réalités locales.

Notre présence permet également de fluidifier les opérations régionales, en particulier pour les clients qui sourcent dans plusieurs pays d’Asie du Sud-Est. Bangkok devient alors notre hub central, capable de piloter des opérations en Thaïlande, mais aussi au Vietnam, au Cambodge, en Malaisie ou en Indonésie, avec une visibilité consolidée via notre plateforme digitale.

En résumé, notre implantation à Bangkok ne fait pas que s'appuyer sur l’attractivité de la Thaïlande — elle la renforce en apportant structure, fiabilité et transparence à un écosystème encore trop fragmenté.

Pouvez-vous détailler l'impact des délais imprévisibles et des formalités douanières sur les chaînes d'approvisionnement de vos clients, et comment DocShipper compte réduire ces obstacles ?

Les délais imprévisibles et les formalités douanières complexes sont parmi les plus grands freins à une chaîne d’approvisionnement fluide. Un conteneur bloqué en douane, un document manquant, ou une réglementation mal interprétée peuvent générer des semaines de retard, des surcoûts importants, et une désorganisation totale du planning logistique du client. Dans un contexte où le time-to-market est devenu stratégique, ces frictions sont inacceptables.

Chez DocShipper, nous agissons sur plusieurs leviers pour réduire ces obstacles :
- Préparation en amont : nous aidons nos clients à anticiper les formalités, à réunir les bons documents, et à aligner leur produit avec les exigences du pays de destination.
- Expertise locale : nos équipes sur le terrain sont en contact direct avec les autorités douanières, ce qui nous permet d’agir rapidement en cas de blocage ou de doute réglementaire.
- Process automatisés : notre plateforme intègre des modules de suivi documentaire, des checklists réglementaires, et bientôt un outil de calcul des droits et taxes selon les destinations.
- Suivi proactif : nous ne subissons pas les délais, nous les surveillons, prévenons, et adaptons les plans de transport en fonction de la réalité du terrain.

Résultat : nos clients gagnent en visibilité, en sérénité, et surtout en maîtrise de leurs flux, ce qui est essentiel pour piloter efficacement leur croissance à l’international.

Votre expansion en Asie inclut également un bureau à Chengdu, en Chine. Comment ces deux implantations se complètent-elles dans votre stratégie globale ?

Nos implantations à Chengdu et Bangkok répondent à une stratégie bien définie : maîtriser la chaîne d’approvisionnement à la fois à la source et à l’entrée des marchés régionaux.

D’un côté, Chengdu, au cœur de la Chine intérieure, nous rapproche des zones de production majeures tout en étant moins saturée que les hubs côtiers comme Shenzhen ou Guangzhou. Cela nous permet d’accéder à des fournisseurs compétitifs, de coordonner des inspections sur place, et d’organiser les premiers maillons logistiques dès la sortie d’usine.

De l’autre, Bangkok joue le rôle de hub régional pour l’Asie du Sud-Est. C’est notre point de relais opérationnel pour centraliser, redistribuer, ou coordonner les flux vers des marchés comme la Thaïlande, le Vietnam, la Malaisie ou même l’Europe et les États-Unis.

Cette double présence nous permet d’orchestrer des opérations transfrontalières, de réagir rapidement aux imprévus dans l’un ou l’autre pays, et surtout d’avoir une vision globale mais une exécution locale. En clair : Chengdu nous donne la force industrielle, Bangkok la flexibilité régionale.

En tant que CEO, comment envisagez-vous l'évolution des coûts logistiques en Asie du Sud-Est, et quelles mesures DocShipper met-il en place pour accompagner ses clients dans ce contexte fluctuant ?

L’Asie du Sud-Est est soumise à une volatilité croissante des coûts logistiques. Entre l’instabilité géopolitique, la hausse des prix du carburant, les pénuries de main-d’œuvre, et les politiques douanières parfois imprévisibles, il devient de plus en plus difficile pour les entreprises de planifier leurs approvisionnements avec précision.

En tant que CEO, je pense que cette volatilité est là pour durer, et que les entreprises doivent intégrer cette incertitude dans leur stratégie. Chez DocShipper, notre rôle est justement d’absorber cette complexité pour nos clients, à travers plusieurs actions concrètes :
- Diversification des routes et des modes de transport : nous proposons des alternatives en cas de saturation d’un port, de blocage douanier ou de flambée tarifaire sur une ligne spécifique.
- Veille continue sur les prix du marché : nos équipes suivent les tendances pour proposer des cotations réactives et optimisées.
- Mutualisation des flux : pour certains clients, nous pouvons combiner les expéditions et négocier de meilleurs tarifs auprès des transporteurs.
- Transparence totale sur la structure des prix : pour que nos clients puissent prendre des décisions éclairées, et ajuster leur stratégie en conséquence.

Plus largement, nous croyons qu’en combinant réactivité, anticipation et transparence, on peut transformer cette instabilité en opportunité — notamment en aidant nos clients à être plus agiles que leurs concurrents.

À votre avis, quels sont les facteurs clés qui permettront à DocShipper de maintenir une offre réactive et ancrée dans les réalités locales pour ses clients internationaux ?

Chez DocShipper, notre capacité à rester réactifs et connectés aux réalités locales repose sur trois piliers fondamentaux.

Le premier, c’est notre présence terrain. Nous opérons avec des équipes locales, formées et multiculturelles, directement en lien avec les fournisseurs, les douanes et les transporteurs. Cela nous permet de gérer les imprévus avec agilité et de garantir un niveau d'exécution fiable et rapide.

Le deuxième pilier, c’est notre digitalisation intelligente, couplée à l’adoption rapide de l’intelligence artificielle dans nos opérations. Cette agilité technologique nous permet non seulement d’optimiser nos délais et nos process internes, mais surtout de proposer un service plus transparent, plus fluide et plus prédictif pour nos clients. Là où beaucoup de concurrents peinent à se transformer, nous avançons vite — et cela fait toute la différence sur le terrain.

Enfin, notre force réside aussi dans notre culture d’entreprise : jeune, audacieuse, internationale. Elle nous pousse à rester en mouvement, à tester en continu, et à nous adapter sans inertie aux nouvelles attentes du marché. C’est cette dynamique qui nous permet de bâtir une offre réactive, ancrée dans le réel, mais tournée vers l’avenir.

Pour plus d'informations : https://docshipper.com/

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